Le Grand Voyager de Chrysler de la récente mouture partage le
privilège des monovolumes gigantesques avec peu d’autres modèles : le Rodius de
SsangYong, le Viano de Mercedes et le Trans Sport de Chevrolet. Toutefois, il a
des atouts à faire valoir qui le différencient illico de ses concurrents et qui
intéresseront les parents de familles nombreuses, les gens qui cherchent des
solutions variées nécessitant du volume et de la robustesse. Dans ce créneau,
le Grand Voyager efface ses colistiers avec la même élégance que le nouvel Obama
d’outre-Atlantique.
Cinq mètres quatorze, c’est près de trente centimètres de plus
que le Renault Grand Espace qui règne encore et toujours dans la catégorie, aidé
en cela par une tenue de route et une ouverture vers le soleil que les Européens
continuent de plébisciter à l’envi ! Le Grand Voyager revient avec cette
cinquième génération en s’inscrivant clairement dans la philosophie américaine
de la voiture : celle que l’on conduit tranquillement, sans la brusquer, de
préférence où les voies sont spacieuses et les courbes amples. Mais alors, que
faire avec ce mastodonte dans la vieille Europe aux chaussées connues pour leur
étroitesse, aux villes aux quartiers ramassés ? C’est ce que Chrysler nous a
autorisé à essayer pendant une semaine aux portes de l’hiver, sous les
bourrasques de neige et nos itinéraires belgo-suisses et français habituels.
Avant de partir, nous recevons quelques explications pour
utiliser le système « Stow&Go ». Celui-ci permet de ranger les cinq sièges
à l’arrière dans le plancher : les trois places les plus éloignées du conducteur
sont commandées électriquement. Les deux fauteuils de la deuxième ligne
s’escamotent manuellement. Ils peuvent être orientés vers l’arrière pour créer
une salle de jeux de société. Tous les sièges s’estompent intégralement dans le
plancher en libérant une aire grandiose qui servira lors des déménagements. Les
commandes de la dernière rangée autorisent aussi de jongler avec un, deux ou
trois sièges et même de les diriger vers l’arrière. Ils feront, alors, office
de cabriolets pour le pique-nique, abrité par l’auvent du hayon !
Premier contact : la sonorité des quatre cylindres diesel
envahit le volume : ils claqueront à froid pendant quelques minutes avant de
retrouver une mélodie présente et acceptable. Récemment revu pour développer
une dizaine de chevaux de moins tout en conservant le couple, ce moteur
revendique des ménagements. Inutile de le contraindre à jouer dans la cour des
fonceurs et des fadas de chronomètres. Il se contentera, et c’est ce qu’on lui
demande, de mouvoir les presque trois tonnes de notre voyage (le véhicule, les
cinq adultes et leurs bagages) avec douceur. Ainsi, il se montre redoutable
d’efficacité. Les volumes prévus dans le plancher pour ranger les sièges se
révéleront utiles pour le barda.
Nous aurions pu craindre un appétit vorace ! Dans les
conditions peu avenantes de notre périple sous la pluie, la neige, dans le froid
de décembre et les routes encombrées de l’entrée de nos villes, il s’est
cantonné à un peu plus de dix litres aux cent. Pour les grands rouleurs,
veillez à remplir le réservoir au-delà du premier déclenchement du pistolet de
la pompe : vous pourrez encore verser une bonne dizaine de litres pour cent
kilomètres de plus.
La nouvelle transmission automatique, à six rapports, diffuse
les newtons-mètres aux roues avant. Le levier est étonnamment situé juste à
côté du volant, au tableau de bord, libérant l’espace entre les deux marquises
de la première rangée. Les vitesses passent avec fluidité, laissant de la marge
pour qui sait faire travailler son attelage. Une commande séquentielle autorise
même à conserver un rapport défini, ce que nous avons utilisé dans les descentes
enneigées : trois tonnes ne se guident pas comme une sportive !
Il y a vingt-cinq ans déjà que Chrysler distribue ses Grand
Voyager sur la planète et plus de douze millions d’acheteurs lui ont fait
confiance. Il tient la route, malgré ses suspensions réglées pour préserver le
confort des hôtes. Traction avant, le Grand Voyager peut faire la nique aux
propulsions qui restent parmi ses concurrents : une fois la neige ou les
trajectoires glissantes venues, il n’y a plus photos. Toutefois, veillez à
chausser ses jantes de pneus d’hiver : ce sera une sécurité supplémentaire. À
l’intérieur, pour autant que le capitaine prenne soin de le diriger du bout des
doigts, les passagers seront aux anges. Le confort est là, le nubuck des
sièges, les amortissements feutrés, l’éclairage confié aux diodes… Vous en
trouverez aussi dans la lampe de poche amovible rechargeable masquée dans la
paroi du coffre.
Les trois portes arrière se commandent électriquement, ce qui
participe au style de vivre plus détendu que nous importe l’Amérique. Le park
system est une nécessité : les vitres teintées, le gabarit de l’engin permettent
difficilement d’apprécier correctement les dimensions extérieures. Alors, les
bips-bips et la caméra de recul sont précieux. Dans les parkings souterrains,
vous veillerez à escamoter les rétroviseurs latéraux et à anticiper les
manœuvres. Ainsi, vous éviterez certains pièges dus aux proportions
inhabituelles du Grand Voyager.